Passer le cap 2009-2010
Marchés en retrait et concurrence accrue sur les prix, la campagne 2009-2010 en semences risque d'être chahutée par la crise que sont en train de vivre les agriculteurs. Le réflexe des semenciers est de se recentrer sur les espèces phares et de serrer les boulons, pour passer le cap.
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Après deux ans de hausse soutenue toutes espèces confondues, le marché des semences s'annonce plus délicat en 2009-2010. « Nous constatons une contraction du marché avec dans les espèces, où les semences de ferme peuvent se substituer à celles certifiées, un fort recul des ventes qui provoque une concurrence très forte sur les prix, constate François Desprez, président de Florimond Desprez et de la toute nouvelle UFS (Union française des semenciers). Pour le maïs et le tournesol, nous nous attendons aussi à une pression très forte sur les prix. »
« Le taux d'utilisation de semences certifiées en blé avait fortement progressé aux semis 2007 et 2008 à 57 %, il devrait perdre cette année près de 10 points et revenir à son niveau de 2006 », souligne Philippe Roux, secrétaire de la section céréales à paille au Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences). « La situation est la même chez nos voisins européens, ajoute François Desprez. Le taux de semences certifiées en céréales a même reculé à 40 % en Allemagne, contre près de 55 % avant la crise. En France, comme ailleurs dans l'UE, le secteur où la situation est la plus mauvaise est celui des fourragères, car les éleveurs sont touchés par la chute du prix de vente de leurs produits. » « La baisse est difficile à évaluer, reconnaît Michel Straebler, secrétaire de la section fourragères au Gnis. Les ventes de semences par les établissements ont reculé de 20 à 25 %, mais ce chiffre n'intègre pas les stocks des distributeurs. » Côté maïs, la sole est restée quasiment stable en 2009 et les semenciers s'attendent, au pire, à une légère baisse en 2010. « En colza, notre enquête fait ressortir une stabilité des surfaces pour les semis 2009, mais un léger rebond des graines de ferme », constate Isabelle Pauchet de l'UFS.
Les hauts rendements en 2009 pour les betteraves et la campagne très difficile en pomme de terre pourraient aussi se traduire par un recul de leurs surfaces en 2010. Mais tout dépendra en betterave, des ventes de sucre que les industriels réaliseront cet hiver sur les marchés internationaux et, en pomme de terre, de la réaction des producteurs qui ne suivent pas toujours les mots d'ordre interprofessionnels.
Certaines cultures pourraient cependant s'en tirer un peu mieux que d'autres. En tournesol, par exemple, « les surfaces ont augmenté de 11 % en 2009 et il n'y a pas de raison de les voir baisser », estime Isabelle Pauchet. Les grands gagnants de 2010 avec l'évolution de la Pac, seront sans doute les pois protéagineux, à tel point que c'est la pénurie de semences que l'on craint. « Les surfaces de multiplication sont passées en pois de printemps de 3 268 ha à 5 026 et les rendements de 34 à 45 q/ha, précise Philippe Roux, ce qui devrait permettre de fournir le marché. »
Autres points positifs, le marché des couverts végétaux et jachères apicoles tiré par la nouvelle directive nitrates et la Pac 2010. « Ce sont en effet de bonnes nouvelles, note Michel Straebler. En revanche, les dernières mesures en faveur de l'herbe sont trop jeunes pour que les éleveurs aient déjà pu les intégrer. » Si à cause de ce cap difficile, les entreprises sont amenées à réduire leurs investissements en R & D, François Desprez estime que les cultures moins importantes en surfaces, comme les céréales secondaires, pourraient en pâtir. « A cet égard, la reprise en pois pourrait ne pas être accompagnée d'un effort de sélection à la hauteur de ce qu'il devrait être, indique-t-il. Heureusement, le crédit d'impôt recherche va sans doute partiellement contrarier cette évolution. »
Large programme de sélection
Pour aider les agriculteurs, certains semenciers proposent des variétés mieux adaptées a leurs préoccupations économiques. "Bien avant le lancement du plan Ecophyto 2018, les entreprises, grâce a leurs programmes de sélection, avaient pris en compte les exigences de réduction d'intrants par la sélection de variétés plus résistantes aux maladies ou aux ravageurs, exploitant mieux l'azote... Ces programmes commencent a porter leurs fruits, remarque Francois Desprez. Ces variétés contribueront a réduire les couts de production, sans négliger que l'amélioration de la productivité est aussi un moyen efficace d'améliorer leur compétitivité sur les marchés."
DOSSIER RÉALISÉ PAR BLANDINE CAILLIEZ
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